La Société Civile comme Moteur de Réforme
Comment le Mouvement COMVID COVID Travaille pour Renforcer le Système de Santé du Burkina Faso
[Ceci est le premier article d’une série documentant comment le mouvement social COMVID COVID-19 a rapidement gagné en soutien gouvernemental au Burkina Faso. Le mouvement a été créé par le Réseau Accès aux Médicaments Essentiels (RAME), une organisation de la société civile burkinabé, en s’appuyant sur La Plateforme Démocratie Sanitaire et Implication Citoyenne (DES-ICI) et avec le soutien de la Plateforme Collaborative Africaine pour des Solutions de Financement de la Santé (ACS), une initiative de l’USAID dirigée par R4D. Cet article se concentre sur le rôle des Cellules Citoyennes de Veille Sanitaire et les prochains se focaliseront sur une séance de questions-réponses avec le directeur exécutif de RAME, Simon Kabore, pour explorer la transition du mouvement du COVID à la couverture sanitaire universelle (UHC) et comment les principaux piliers du COMVID COVID-19 mouvement social balise le terrain pour la CSU dans le pays. EN Translation.]
Auteurs: Seyni Mbaye et SORY Orokia
Le Burkina Faso a une longue histoire avec des Organisations de la Société Civile (OSC) actives et fortes. Ces organisations ont été au cœur de la plupart, sinon de la totalité, de ses importants événements socio-économiques et politiques après l’obtention de son indépendance de la France en 1960. Les OSC se sont imposées comme les garde-fous de la nation guidant les efforts des gouvernements qui se sont succédé vers la stabilité socio-économique et politique du pays.
À ce jour, la société civile du Burkina Faso est toujours fortement impliquée dans les efforts de redevabilité vis-à-vis du gouvernement- y compris sur sa réponse COVID-19. Le pays a enregistré son premier cas le 9 mars 2020 et le gouvernement burkinabé aurait sous-estimé la menace qu’il représentait. Les écoles et les universités étaient toujours ouvertes, les frontières n’étaient pas fermées, les lieux de culte restèrent fonctionnels, aucun couvre-feu ne fut établi et les zones fortement touchées n’ont pas été mises en quarantaine.
En réponse, les OSC membres de la plateforme DES-ICI se sont mobilisées et ont publié un communiqué de presse le 18 mars, appelant le gouvernement à prendre des mesures préventives. Selon le RAME, ce communiqué a certainement eu un impact au niveau gouvernemental car le 20 mars, lors de la première allocution du président, la plupart des recommandations des OSC avaient été prises en compte.
Ce blog est le premier d’une série documentant comment la Plateforme Collaborative Africaine pour des Solutions de Financement de la Santé (ACS), en partenariat avec Réseau Accès aux Médicaments Essentiels (RAME), une OSC Burkinabé, a soutenu la création du mouvement social COMVID COVID-19 pour lutter contre la COVID-19 ainsi que la marche de la coalition vers la couverture sanitaire universelle (CSU) au Burkina Faso.
Avant la pandémie, ACS et RAME collaboraient pour créer un mouvement social pour soutenir la CSU au Burkina Faso. Cependant, la pandémie a incité RAME à modifier son plan d’action pour répondre au manque observé d’engagement communautaire adéquat dans les mesures d’atténuation pour lutter contre la COVID-19.
Avec l’équipe ACS en accord sur le plan, RAME, en s’appuyant sur La Plateforme Démocratie Sanitaire et Implication Citoyenne (DES-ICI) a rapidement mobilisé les OSC nationales autour de la cause et a créé le mouvement social COMVID COVID-19.
Le rôle des Cellules Citoyennes de Veille Sanitaire
Le mouvement social COMVID COVID-19 est un mouvement populaire initié et piloté par des OSC nationales motivées par la volonté d’améliorer le bien-être des habitants du Burkina Faso. La Plateforme Démocratie Sanitaire et Implication Citoyenne (DES-ICI) fait office de secrétariat et supervise les différentes Cellules Citoyennes de Veille Sanitaire (CCVS) qui ont pour mandat de mener les activités du mouvement dans les secteurs de chaque ville. La structure des CCVS est illustrée à la figure 1. Il est toutefois important de noter que les 15 postes de chaque CCVS sont occupés par des bénévoles.
Ouagadougou, la capitale du pays et l’épicentre de l’épidémie, a été la première ville où le mouvement a décidé d’agir. RAME a lancé un appel à candidatures pour les OSC, résultant à près de 200 soumissions d’OSC basées à Ouagadougou.
Simultanément, ACS a mobilisé une plateforme d’apprentissage régional composé des représentants des pays ou ACS opère, ainsi que d’autres ressources régionales, telles que The Force, comme moyen d’échange des apprentissages et des approches mises en œuvre par d’autres pays avec une bonne réussite. C’est dans ce climat de collaboration, d’apprentissage, et de partage systématique d’expériences que l’exemple de la Corée du Sud a été mise en avant, inspirant le mouvement à pousser le gouvernement à 1) organiser des campagnes de tests de masse dans les zones fortement touchées de la ville, 2) imposer le port général de masques par tous dans les lieux publics, et 3) établir un couvre-feu pour aplatir la courbe de contamination.
Grâce au soutien catalytique de ACS, le mouvement social a pu gagner rapidement du terrain ainsi qu’une réponse positive du gouvernement dans la mise en œuvre des recommandations des OSC. Outre les efforts de prévention, le mouvement social s’est également concentré sur: le suivi de l’accès aux services de santé, le suivi des ressources allouées à la réponse COVID-19 et l’analyse de la gouvernance des services de santé.
L’une des raisons du succès de COMVID COVID-19 est qu’il a créé un mécanisme flexible pour garantir que des informations précises soient partagées avec la communauté de Ouagadougou via des plateformes de confiance réputées efficaces.
En d’autres termes, il existe une approche harmonisée pour déterminer ce qui doit être fait au niveau central. Néanmoins, chaque CCVS se voit attribuée la possibilité de décider de l’approche spécifique à adopter pour atteindre les objectifs escomptés en fonction de la sensibilité des habitants de leur secteur. Par exemple, lorsqu’il s’agit de sensibiliser les citoyens sur les mesures de lutte contre le virus, chaque CCVS a le choix entre effectuer des visites à domicile pour partager des informations, animer des émissions de radio ou animer des discussions dans des lieux de culte, entre autres, ou une combinaison de ces options en fonction de ce que les citoyens de leur secteur sont réceptifs.
La nature collaborative et inclusive du mouvement social ouvre la voie au renforcement des mécanismes de redevabilité dans le mouvement ainsi qu’au sein du système de santé burkinabé. La première étape de la redevabilité nécessite à avoir des informations sur les responsabilités des détenteurs de pouvoirs et sur les objectifs qui leurs sont fixés. Lorsque toutes les parties prenantes sont conscientes de ce qu’elles peuvent attendre du pouvoir, elles sont mieux en mesure de comparer les résultats attendus aux résultats réels et de demander des explications pour les manquements. La structure du mouvement permet également à toutes les voix de la société burkinabé de se faire entendre via leurs représentants. Les représentants, à leur tour, informent les électeurs des progrès accomplis et servent de pont entre le gouvernement et les citoyens. Chacune de ces «étapes d’information» est nécessaire pour que tout mécanisme de responsabilisation soit efficace et efficient.
L’importance de partager les apprentissages en cours de route
Pour que les CCVS améliorent continuellement la façon dont ils soutiennent leurs districts, il est essentiel de partager continuellement leurs apprentissages.
C’est dans cette perspective que la Plateforme DES-ICI, le secrétariat du mouvement social, a organisé un atelier conjoint où les forces et les faiblesses du mouvement ont été analysées et des potentielles mesures d’atténuation identifiées. En plus d’évaluer son progrès vers ses objectifs, ils ont créé un plan pour identifier ses apprentissages les plus saillants à partager avec d’autres unités pour s’étendre au-delà de Ouagadougou.
Voyant le succès du mouvement social à Ouagadougou, la plateforme DES-ICI a décidé d’étendre le mouvement social à l’ensemble des régions du Burkina Faso en commençant par la deuxième ville qu’est Bobo Dioulasso. Par ailleurs, le mouvement a bénéficié d’un financement du Ministère de la Santé, dans un cadre de projet qui concerne ces deux villes. Le projet consiste à produire des masques et des savons aux profit des ménages vulnérables des quartiers périphériques de ces deux villes. Pour contribuer à l’autonomisation des cellules de veille sanitaire, le mouvement social a décidé de transférer la production des savons à ces CCVS, en conservant la production des masques pour des raisons de respect des normes fixées par le Ministère de la Santé.
Alors que le mouvement se développe dans de nouvelles villes, ACS documente l’expérience du mouvement social à Ouagadougou à travers RESADE, un autre partenaire institutionnel de ACS au Burkina Faso, au profit des parties prenantes nationales ainsi que d’autres pays de l’Afrique subsaharienne.
À l’avenir, le mouvement utilisera des ateliers conjoints similaires pour discuter de la manière dont COMVID COVID-19 peut éventuellement passer de la lutte contre COVID-19 à un programme axé sur la CSU afin de mieux préparer le pays aux éventuelles crises de santé publique à venir et plus encore.
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À propos de ACS
La Plateforme Collaborative Africaine pour des Solutions de Financement de la Santé (ACS) est un projet de cinq ans financés par l’USAID qui assiste les pays d’Afrique Sub-Saharienne à progresser vers la couverture sanitaire universelle (CSU). En savoir plus sur la page Web de ACS.
Cette publication est rendue possible grâce au généreux soutien du peuple américain à travers l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID). Le contenu de cette publication est la responsabilité de Results for Development, Duke University Global Health Innovation Center, Amref, Synergos, RESADE et Feed the Children et ne reflète pas nécessairement les points de vue de l’USAID ou du gouvernement des États-Unis.